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Stratégie syndicale : ne pas changer pour gagner le changement
Bon, c’est clair, pour certains il faudrait surtout ne pas bouger une oreille, ne pas critiquer, au risque de « faire le jeu de la droite » et d’être sévèrement jugés pour cela.
Outre le fait qu’un tel raisonnement est extrêmement dangereux pour la démocratie, il est aussi source de bien des déconvenues.
Car rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt et attendre que ça se passe en déléguant, en faisant confiance ... et vogue la galère.
C’est justement la galère qui est en train de voguer : Parce que les choses ne sont pas simples, parce que l’adversaire est puissant, qu’il détient une grande part du pouvoir économique et une série de leviers, en France, en Europe et au-delà .... mais aussi parce que les orientations mises en oeuvre ne sont certainement pas à la hauteur et qu’il ne suffit pas d’énoncer de bonnes intentions pour changer fondamentalement les choses.
Si dans cette situation la peur n’évite pas le danger, la lucidité permet d’éviter bien des risques.
Alors soyons lucides ! Et commençons par ne pas se (nous) raconter des histoires. Et, par exemple :
- Comment admettre qu’après avoir déclaré que la hausse du prix du gaz ne serait « pas plus que l’inflation », le premier ministre nous dise qu’il limite cette hausse à 2% - qui est le niveau de l’in¬flation prévisible sur l’année - alors même que sur 2012 les hausses s’élèvent déjà à prés de 9% (4,4% au 1/1 ; 2% au 20/07 et 2 % au 1/10) ?
– Comment entendre que nous - les pas riches - ne serions pas concernés par les hausses d’impôts - il n’y aurait que les 10% des français les plus riches -, alors même que le seul gel du barème de l’im¬pôt sur le revenu conduit à ce que toutes les personnes imposables soient concernées ... voir à en faire entrer d’autres ?
– Comment traduire « la RGPP c’est fini », alors qu’il est recommandé de poursuivre les mesures engagées sur les bases anciennes, et que - hors la méthode - on retrouve dans les propositions for¬mulées pas mal de « réchauffé » de cuisines anciennes. Etc.Etc.
Syndicalistes, nous prenons appui sur le réel, l’expression des besoins, et leur formulation en revendications. Nous ne sommes ni incapables de juger des différences d’un gouvernement à l’autre, ni ignorant de la nature du système, de là où se situe sur le fond l’obstacle aux revendications, au progrès social, pourquoi et ce sur quoi il convient de mener l’action revendicative.
Mais que l’on ne nous demande pas d’accepter aujourd’hui ce que nous avons combattu hier... et que l’on ne nous narre pas quelques contes de fée aux fins de détourner, d’endormir les exigences. Ce sont des tentatives vaines pour ce qui concerne la CGT.
II faut savoir ne pas changer pour gagner le changement.
article paru dans "Fonction Publique Cgt" de septembre 2012
Article publié le 15 octobre 2012.